Malgré la mobilisation massive de la population, la réforme des retraites a été promulguée le 15 avril dernier. Cette loi impopulaire fait fi des considérations sur la santé des seniors, des statistiques sur l’espérance de vie et des facteurs de pénibilité au travail.
La MCRN fait le point avec vous sur ses conséquences pour la santé des plus de 60 ans et vous donne des conseils pour vous maintenir en bonne santé.
Réforme des retraites : qu’est-ce qui change ?
L’âge légal du départ à la retraite, fixé à 62 ans, va être repoussé progressivement à 64 ans. Pour autant, un départ à cet âge-là ne garantit pas une retraite à taux plein.
Dans le cas où l’on n’a pas cotisé assez longtemps (41 ou 43 ans en fonction de l’année de naissance), il faudra attendre l’âge de 67 ans pour pouvoir toucher la totalité de sa pension. Nous aurons alors le choix de travailler jusqu’à cet âge, ou de prendre notre retraite avec une pension plus réduite. Cela va sans dire, c’est un recul important de nos droits sociaux. Pour ne rien arranger, cet allongement du temps de travail va également avoir des conséquences très concrètes sur notre santé.
Le départ à la retraite, facteur de bonne santé
Ces dernières années, les conditions de travail se sont détériorées en France, faisant de nous le pays européen avec la pire qualité de vie au travail. En 2021, plus d’un tiers des salariés français estimait que le travail dégradait leur santé. Et cela s’aggrave en vieillissant ! Ainsi, en étant encore en poste à plus de 60 ans, nous avons plus de chance de nous déclarer en mauvaise santé que les personnes déjà retraitées[1].
Une étude menée en 2022 rend compte, de son côté, des bienfaits du départ en retraite sur notre santé physique et mentale. Parce qu’une fois retraités, nous sommes libérés des tensions professionnelles ou de conditions de travail difficiles, nous avons le sentiment d’aller mieux. Contrairement aux idées reçues, la retraite n’est donc pas (ou plus) synonyme de déclin mais bien de revitalisation.
Une espérance de vie encore inégale
C’est un fait, l’espérance de vie des Français ne cesse d’augmenter. En 2019, elle s’élevait à 85 ans pour les femmes contre 79 ans pour les hommes, soit 15 ans de plus qu’en 1950. Le gouvernement a beaucoup insisté sur cette hausse afin de justifier le recul du départ à la retraite. “Nous vivons plus longtemps et donc (…) nous devons travailler plus longtemps” a ainsi asséné le ministre du Travail Olivier Dussopt. Cette déclaration ne prend pas en compte le fait que nous ne sommes pas tous égaux face à la mortalité.
Ainsi, lorsque l’on observe plus attentivement les chiffres, il s’avère que l’espérance de vie varie énormément en fonction de notre classe sociale. Selon l’INSEE, en 2013, un homme cadre pouvait espérer vivre jusqu’à 84 ans, contre seulement 77 ans pour un ouvrier. En réalité, 5 % des Français âgés de 43 à 58 ans décèdent avant même d’atteindre la retraite[2].
La pénibilité au travail : trop peu encadrée par la réforme des retraites ?
Selon le gouvernement, la réforme était censée faciliter le départ à la retraite des plus fragiles d’entre nous. L’un des objectifs annoncés était de mieux prendre en compte la pénibilité au travail. C’est-à-dire le fait de travailler dans un environnement susceptible de créer des problèmes de santé : exercer une activité à l’extérieur, dans le froid, ou des tâches répétitives et risquées…
Malgré tout, comme l’ont noté les syndicats, le gouvernement a déjà affaibli les dispositifs encadrant la notion de pénibilité au travail par le passé. Emmanuel Macron, qui avait affirmé “qu’il n’aimait pas le mot pénibilité” et voulait le supprimer, a pris des mesures qui rendent plus compliqué le départ à la retraite des travailleurs exposés aux risques. Aujourd’hui, de nombreuses professions difficiles, comme déménageur ou ouvrier du bâtiment, ne peuvent plus bénéficier d’un départ à la retraite anticipé.
Vivre plus vieux, vivre mieux ?
Enfin, si nous vivons en moyenne plus longtemps, cela ne signifie pas nécessairement que nous vivons bien. Il faut distinguer l’espérance de vie et l’espérance de vie en bonne santé qui inclut la capacité à rester mobile ou à pouvoir vivre à son domicile sans assistance médicale.
Si les hommes peuvent espérer vivre jusqu’à 79 ans, leur espérance de vie en bonne santé, elle, n’est que de 65 ans, contre 67 ans pour les femmes[3]. Difficile dans ce cas de profiter de sa retraite… On note d’ailleurs qu’aujourd’hui, un tiers des ouvriers et un quart des employés sont déjà considérés en incapacité lors de leur première année de retraite.
Se maintenir en bonne santé : les gestes de prévention
La meilleure façon de lutter contre la dégradation de notre santé au travail reste encore d’en prendre soin le plus tôt possible. La MCRN vous aide à mettre en place les bons gestes au quotidien pour atteindre la retraite dans les meilleures conditions.
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Faire appel à la médecine du travail
S’il est important de continuer à nous mobiliser pour défendre notre retraite, il est aussi crucial de bien connaître nos droits sur notre lieu de travail afin de nous protéger.
Pour rappel, la médecine du travail vous accompagne tout au long de votre carrière. À l’embauche, une visite d’information et de prévention est obligatoire dans un délai de 3 mois. Elle doit être renouvelée tous les 5 ans, voire tous les 3 ans dans le cas des postes à risque. Chaque salarié a le droit d’exiger une visite médicale dès qu’il le souhaite.
Cette visite est l’occasion de faire le point sur l’état de santé au travail, sur les risques encourus et d’être redirigé vers un médecin si besoin. Retrouvez toutes les informations concernant cette mesure sur le site du gouvernement.
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Prendre soin de son corps
En dehors du travail, la meilleure prévention consiste à prendre soin de son corps tout au long de sa vie. Pour cela, une bonne alimentation et la pratique d’une activité physique régulière restent vos meilleurs alliés.
N’hésitez pas à vous faire accompagner par un diététicien afin de faire le point sur votre régime alimentaire. D’ailleurs, la MCRN vous propose un atelier sur le thème “Se faire plaisir à l’apéritif sans culpabiliser”.
Côté sport, adaptez votre pratique à vos goûts : fitness, course ou sports de groupe pour les plus endurants, natation ou marche à pied (manifester est un excellent sport !) pour ceux qui préfèrent les activités plus douces. Et pour allier les plaisirs, vous pouvez également vous inscrire à notre balade santé sur le thème de l’alimentation.
Ne négligez pas non plus l’entretien de vos dents ! Pensez à prendre régulièrement rendez-vous avec votre dentiste pour faire le point et vous éviter des complications tardives. Vous pouvez notamment vous rendre au Centre de santé dentaire mutualiste de la MCRN.
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S’informer et découvrir les bonnes pratiques santé avec la MCRN
Noubliez pas que votre mutuelle est l’un de vos partenaires santé les plus importants et qu’elle vous accompagne tout au long de votre vie dans vos démarches de prévention.
La MCRN vous propose régulièrement des ateliers aux thématiques variées afin de vous informer sur les risques du quotidien et d’apprendre à mieux les gérer. Vous pouvez consulter notre calendrier pour plus d’informations.
Sur notre site, nous informons régulièrement sur divers sujets santé et société afin de vous aider à mieux comprendre votre corps et son fonctionnement : endométriose, charge mentale, mais aussi place de la santé dans les programmes de nos élus… Retrouvez toutes nos ressources informatives ici.
[1] Source : https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/hal-03621346/document
[3] Source : https://www.insee.fr/fr/statistiques/3281641?sommaire=3281778&q=esperance+de+vie+bonne+sant%C3%A9#tableau-figure1