Il est entré en vigueur, il y a quelques semaines. Le 1er janvier 2022 pour être précis ! Il, c’est le Forfait Patient Urgences (FPU). D’un montant de 19,61 €, il est réclamé à chaque passage aux urgences non suivi d’une hospitalisation. Ce qui est assez fréquent. Explication.

Si vous êtes adhérent(e) de la Mutuelle Solidaire MCRN, pas d’inquiétude. Ce forfait est en effet intégralement pris en charge. « En théorie, l’adhérent doit nous adresser la facture. Cependant, nous constatons que les centres hospitaliers nous le facturent directement en tiers-payant, précise-t-on du côté de la mutuelle

Les exceptions à la règle du forfait

Ce forfait est réduit à la somme de 8,49 € dans deux cas :

  1. Pour les personnes reconnues en affection de longue durée (ALD) ;
  2. Pour les bénéficiaires d’une rente d’accident de travail ou d’une maladie professionnelle avec une incapacité inférieure aux deux tiers. 

Qui ne le paye pas ?

  1. Les personnes rattachées au régime AT/MP : accidents du travail, maladies professionnelles, avec une incapacité au moins égale à 2/3 ;
  2. Les femmes enceintes à partir du 6ème mois de grossesse ;
  3. Les bébés de moins de 30 jours ;
  4. Les donneurs d’organes, pour les actes en lien avec leur don ;
  5. Les mineurs victimes de violences sexuelles pour les soins consécutifs sévices subis ;
  6. Les pensionnés militaires ou pour invalidité, les victimes d’actes de terrorisme.

Il est à noter toutefois que le forfait devra être réglé par les personnes sans mutuelle complémentaire. C’est alors la double-peine pour ces personnes qui n’ont pas les moyens d’avoir une complémentaire santé.

Pourquoi va-t-on aux urgences ?

Derrière ce forfait, il y a cette idée, fausse, que les français useraient et abuseraient des urgences pour des raisons presque de confort. Les articles et sujets parus sur la question montrent que ce n’est pas vrai. Et que, dans biens des cas, il n’y aurait de toutes façons pas d’autres alternatives. De moins en moins de médecins ne se déplacent en effet à domicile et font des gardes. 

Plus grave encore, de nombreux patients résident dans des déserts médicaux. Dans ce cas-là, le passage aux urgences est la seule option disponible. Joël Vignaud, président de la MCRN, dénonce cette mesure. « Les urgences hospitalières sont la garantie, pour chacun, d’être soigné quelles que soient sa situation sociale et ses ressources, souvent là où la médecine de ville est défaillante. Aussi, une telle disposition constitue un obstacle grave à l’accès aux soins (…). » 

Déserts médicaux en Pays de la Loire

Une étude la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (DREES) parue en 2017 montre que 8 % de la population française est installé dans une commune « sous-dense » en médecins généralistes. Et 0,5 % de la population doit faire face à une faible présence de médecins, de pharmaciens et de services d’urgences. 

En Pays-de-la-Loire, la situation n’est pas très enviable. Plus de 294 000 habitants (8,1% de la population régionale) résideraient à plus de 30 minutes d’un service d’urgences. Et plus de 283 000 personnes vivraient dans une commune sous-dense, au seuil de 2,5 consultations par an et par habitants.

Et ça ne va pas s’arranger !

L’étude précitée n’est pas très optimiste pour les années à venir. « Compte tenu des enseignements des modèles de projection, on peut s’attendre, tant chez les généralistes que chez les spécialistes, à une diminution des effectifs libéraux dans les prochaines années, concomitante à une hausse du nombre de médecins salariés. Ces évolutions sont susceptibles d’entraîner un accroissement des inégalités territoriales d’accès aux soins de premier recours (…). »